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中法桥
5 mars 2012

La Chine s’est réveillée.


Compte rendu de recherche

Lundi 4 mars 2012, Shanghai

Première expédition réelle dans la ville. Observation dans les quartiers Nord Est de Puxi, zone industrielle, beaucoup d’usines, des bidonvilles, du résidentiel de promiscuité au milieu des usines, seulement des petits commerces et de la restauration de première nécessité.

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Près de la station de métro Xianyin lu, sur la ligne 10, je tombe sur un nouvel espace artistique Zen Dai Contemporary Art Exhibition Hall sur le modèle Moganshan lu, le lieu est en pleine rénovation, de grands hangars sont réaménagés, une cour centrale est  décorée pour servir de scène urbaine pour la prise de photo de mariage (un business qui marche super bien en Chine). Certains hangars abritent déjà des galeries ou des studios d’artistes, parfois les deux, d’autres sont vides ou en train d’être transformés.
Une exposition est en préparation pour la semaine prochaine, il y a peu de monde, surtout des travailleurs du bâtiments qui s’affairent avec des charrettes et un petit groupe de photographes autour d’un couple de mariés (le temps de la photo). Dans certains bâtiments il y a aussi des cadres dans des bureaux et juste en face des travailleuses qui cousent des habits. Je rentre dans le Old Cedar Café un loft aménagé avec du vieux cèdres et des briques pour donné un côté usagé.

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Discussion avec la responsable du bar, une femme âgée d’une quarantaine d’années, des petites lunettes, propre sur elle, je ne sais pas si elle est la patronne du bar ou simplement une employée. Je penche plutôt pour la deuxième hypothèse, car dans ce type d’espace tout appartient généralement à une même entreprise ou à une administration en charge du site (réaménagment et fonctionnement) et accueil des artistes et des expositions.

Nous échangeons pendant une heure ou deux car nous sommes seuls dans le bar.

- “ Vous les étrangers pourquoi vous soutenez le Dalai Lama ? ”
C’est par cette question qu’elle m’interpelle. Elle parle vite et je n’arrive pas à suivre tout ses arguments mais s’ensuit une discussion politique intéressante quand je lui explique que je suis là pour faire une recherche sociologique.

La question tibétaine est un vrai objet d’incompréhension entre chinois et étrangers. Elle me demande pourquoi nos gouvernements semblent s’opposer systématiquement à la politique chinoise. Et sur ce point elle n’a pas tord. Nos media ne s’intéressent à la Chine que pour reporter les aspects négatifs de la Chine. Même s’ils sont nombreux et s’il est importants de les connaitre et de les souligner, nous ne pouvons certainement pas comprendre un pays en nous focalisant uniquement sur ses aspects négatifs. C’était l’essence de sa question, même si elle reconnaissait qu’inversement les media officiels chinois ne laissent filtrer que très peu d’avis divergents comparés à la politique menée par le gouvernement.

C’est l’essence de ma réponse, “nos gouvernements et nos media estiment qu’il faut laisser s’exprimer les voix divergentes pour faire avancer le débat public. Il est nécessaire de laisser une place à toutes les idées de s’exprimer pour permettre aux gens de se forger leur propre pensée. S’ils acceptent de laisser s’exprimer les avis contestataires chez eux, nos gouvernement estiment qu’il est nécessaire d’aider les dissidents à l’étranger de s’exprimer également.”

Ce qui nous emmène à la question de la culture dominante et de l’expression des religions minoritaires.
- “ En France, comme en Chine, nous avons un régime séculier et laïque, ce qui signifie que non seulement nous n’avons pas de religion d’Etat (contrairement à d’autres pays européens) mais encore que nous protégeons toutes les religions et garantissons à chacune les mêmes droits.”

- “Oui, je comprends, mais il est nécessaire de conserver sa culture. Comment pouvez vous intégrer toutes les cultures et les religions? Chacune à des coutumes différentes, et il est impossible pour le reste de la population d’intégrer les cultures de tous les migrants. Par exemple, le Nouvel an chinois est un évènement très important pour nous, et dans votre pays, nous ne pouvons pas le célébrer de la même façon. Les français ne s’intéressent pas au Nouvel an chinois, c’est pour cela que nous le fêtons entre nous, et quand nous le pouvons, que nous rentrons chez nous pour le célébrer.”

- “ C’est vrai qu’il n’est pas possible pour un pays d’abandonner sa culture. Mais en France, l’approche culturelle est différente. Nous sommes depuis plusieurs siècles un pays d’immigration. Ce qui signifie que nous acceptons les immigrants avec leurs cultures, leurs religions et leurs idées. Bien sûr nous leur demandons de parler le français et de comprendre notre propre culture. Mais le principe de la laïcité et de donner une place à chacune d’entre elles et de permettre des métissages, des hybridations. Dans le contexte de la mondialisation, aucun pays n’est épargné par les migrations, et bientôt la Chine sera également de plus en plus un pays d’accueil pour ces migrants. Les pays les plus riches sont habitués aux problèmes culturels posés par l’immigration. En France, ces questions sont au coeur des débats politiques qui animent la société. Quelle place peut être donnée aux cultures halogènes. Comment faire coïncider notre propre héritage avec ces sources de renouvellement pour la culture d’accueil. Il n’est pas possible pour une Terre d’immigration d’être imperméable au background des populations qu’elle accueille. Elle a besoin d’évoluer, pour pouvoir les assimiler et pour se régénérer et se réinventer.”

- “ Nous n’avons pas ce genre de problème? Mais bien sûr que ci ! la Chine connait un mouvement d’immigration similaire. Il y a chaque années des millions de migrants qui arrivent dans les villes, et nous avons des différences culturelles importante, des religions différentes, des langages et des cultures différentes.”

- “ Oui, c’est vrai. Mais dans les années à venir, cet enjeu va s’accroître et bientôt, il y aura des gens qui émigreront de partout pour s’installer en Chine, d’Afrique, d’Amérique latine, d’Europe… Comment pensez-vous pourvoir les intégrer ? ”

- “ Sous Chirac, vous aviez en effet cette volonté d’intégrer les cultures différentes et de protéger les minorités ethniques et religieuses, mais j’ai l’impression que les choses ont changé. ”

- … (Surpris !) -
“ En effet, nous avons changé de président et le nouveau ne voit pas les choses de la même façon. Il considère que l’immigration coûte cher et qu’elle représente un danger pour l’économie. A vrai dire, c’est le cas de beaucoup de monde en Europe et c’est la raison pour laquelle, la question de l’immigration est au coeur de la politique chez nous… Quelle perception avez vous de l’Europe en Chine ? ”

- “ L’Europe, bien sûr ça semble une bonne idée et ça vous a permis de faire la paix après la deuxième guerre mondiale. Mais là encore, sous Chirac, les choses semblaient plus claires, notamment la collaboration avec l’Allemagne. Depuis, on a l’impression que vous n’avez plus de projets communs, vous ne savez pas vers où aller.”

- “ C’est vrai qu’en ce moment nous manquons d’un projet unificateur. Notamment maintenant que nous sommes 28, il faut une vraie dynamique pour unir les pays et ce n’est pas facile.”

- “ Oui, l’Europe n’est pas une puissance politique, ni une vraie puissance économique. Le Royaume-Uni suit les Etats-Unis sur tous les fronts et il semble qu’il n’y ait que l’Allemagne qui soit une puissance économique. Comment ça se fait que vos entreprises aient tant de mal à s’exporter à l’international, on dirait que vous n’arriver pas à vous adapter aux règles du jeu international.”

- “ C’est vrai en ce qui concerne l’économie… Nous avons des grands groupes qui se sont internationalisés dans les années 1990’s et qui exportent depuis sur les marchés internationaux mais cette dynamique et allée de pair avec les délocalisations pendant l’ouverture des marchés due à la mondialisation. Le problème c’est que ces grands groupes “français” ne sont pas patriotiques. Ce qui les intéressent c’est le profit, ils se déplacent là où ils ont des opportunités pour s’enrichir. Une partie du succès économique chinois vient de investissements étrangers, qui sont en réalité un transfert de l’argent accumulé par ces groupes en dehors des frontières du pays. C’est cela qui est à l’origine de la crise économique en Europe, nos principaux groupes investissent à l’étranger et licencient les salariés français. Les politiques sont incapables de mettre en place des règles sérieuses qui les contraignent, ce qui aboutaient à un appauvrissement du pays. En fait, la globalisation ne profite pas aux pays riches mais simplement aux grands groupes internationaux.”

- “ Oui, c’est vrai. Je trouve ça équitable. Tous les pays ont le droit de se développer et la globalisation, la mobilité des capitaux permettent aux pays moins développés d’attirer les investissements et de s’enrichir à leur tour. Il n’y a pas de mal à cela. Pour l’instant, le coût du travail est moins cher en Chine, les entreprises investissent à Shanghai. Plus tard ce sera à Chengdu, puis en Indonésie, puis au Vietnam, comme ça, tous le monde à sa chance.”

- “ Je comprends votre point de vue, et effectivement, il est important que chaque pays est l’opportunité de se développer. Le problème c’est que les entreprises font ce qu’elles veulent et que les pays n’ont plus aucune marge de manoeuvre pour contrôler ces flux. Un jour, quand le coût du travail sera plus haut, elles quitteront la Chine et vous connaitrez les mêmes problèmes que nous, la désindustrialisation, le chômage…”

- “ Oui, mais c’est la règle du jeu. Pour l’instant Shanghai attirent toutes sortes de capitaux, mais elle va se spécialiser, elle ne veut plus d’industries polluantes, et elle commence à se concentrer sur le commerce maritime et la finance. New York, Londres, Tokyo, chaque ville entre en compétition et il faut se spécialiser, mais on dirait qu’en France vous êtes incapables de vous spécialiser. L’Allemagne s’en sort mieux, elle exporte d’avantage ici. Pourquoi est ce que vous ne vous spécialisez pas plus ? ”

- “ D’un point de vue économique je suis d’accord avec vous. Mais justement c’est une des questions auxquelles nous devons faire face en France. Il n’y a pas que l’économique qui prime. C’est la différence avec la conception anglo-saxonne du monde, où tout est lié à l’économique. Et je dois avouer que là encore, le monde semble s’être rallier à cette conception des choses: l’économie comme fin en soi. Pourtant ce n’est pas comme cela que nous concevons les choses. L’économie n’est qu’un moyen pour permettre le fonctionnement de la société. Elle est importante bien sûr, un bon niveau économique permettra à la population du pays de bien vivre etc… mais nous pensons aussi qu’il est important de développer les arts, la culture. Selon nous, la politique ne peut pas se résumer à l’économique. C’est notre force et notre faiblesse.”

- “ Bien sûr, vous les français vous êtes plutôt intellectuels et romantiques, vous voulez avoir un mode de vie confortable. Mais c’est la compétition, ils vous faut vous spécialiser davantage, sinon vous allez perdre votre puissance. Les allemands l’ont davantage compris. Nous, en Chine, nous développons nos propres industries et nos entreprises, c’est pour cela que nous nous développons si vite. ”

- “ Je comprends ce que vous voulez dire. Et vous avez raison, de toute façon il est évident que nous devrions avoir une politique européenne davantage entreprenante et que nous ne pourrons pas conserver notre puissance si nous n’augmentons pas cette coopération à l’intérieur, alors que les Etats Unis commencent à perdre de leur puissance. Mais je pense que justement l’économie n’est pas tout et en ce qui concernent les nouveaux enjeux politiques, notamment le rapport à la culture et à la religion nous sommes en avance. Chez nous, le politique n’a pas les moyens de stimuler l’économie, ici c’est différent, une grande partie des compagnies sont des entreprises d’Etat ou restent sous le contrôle de l’Etat, mais chez nous comme je l’ai dit, il est très difficile d’édicter des règles contraignantes et les opportunités de développement se trouvent ailleurs. Aussi, le rôle du politique se concentre davantage sur la gestion de la société et de faire en sorte que les différentes populations cohabitent bien ensemble.”

En réécrivant ces lignes je me rends compte de la différence de situation dans laquelle nous nous trouvons. Alors qu’aux Etats Unis, l’ambition et la volonté de richesse pousse toute la population à adopter pour moteur de la société la croissance, et que cette dynamique permet aux EU d’être une puissance économique, nous avons en Europe une position plus modérée qui considère le travail comme quelque chose de nécessaire mais aucunement comme une fin en soi et le garant d’une vie épanouie. Certains pays occidentaux suivent certainement cette ligne de conduite (RU, Allemagne) et il serait peut-être davantage pertinent de faire une différence entre les pays ambitieux économiquement et les pays ambitieux politiquement et culturellement (France, Italie, Belgique, Espagne et sans doute d’autres pays francophones, … la Grèce ? cette carte ressemble à  s’y méprendre aux grilles de Standard & Poor ! ) pour comprendre nos trajectoires économiques, plutôt que de les lire selon une opposition Nord/Sud. Toujours est-il que la Chine (et les autres pays émergents) fait incontestablement partie de la première catégorie qui s’est ralliée à l’économie de marché comme moteur de développement. Les résultats économiques sont bien là, mais ils ne me convainquent pas de changer de modèle pour autant. Nous av(i)ons jusqu’à maintenant un autre projet de développement que nous sommes en train d’abandonner alors que nous réalisons à peine notre retard économique. Nous ne sommes pas compétitifs, c’est vrai. Mais nous avons une autre ambition que de nous tuer à la tâche toute notre vie, pour la seule gloire d’être une puissance économique. Nous avons là volonté de construire une société civilisée plus que développée, du moins c’était le projet (oublié) de la IIIe République. Depuis nos présidents ont soit manqué d’ambition ou de courage pour porter ce projet à l’international (excepté De Gaulle en son temps). Nous nous sommes rapetissés en refusant de nous opposer à nos alliés en assumant des spécificités françaises, ou plutôt méditerranéennes et en oubliant de porter cet héritage dans les débats sur l’Europe. C’est sans doute cette incompréhension, volontairement ignorée ou savamment entretenue qui est à l’origine de la stagnation du projet européen. Nous n’arriverons pas à relancer la machine européenne, et la crise grecque en est l’exemple le plus emblématique, tant que nous n’aurons pas exprimée nos conceptions divergentes du développement et des ambitions que nous avons chacun séparément pour nous sociétés européennes. Les pays sud européens ne peuvent décemment pas se reposer sur la productivité allemande sans apporter autre chose à l’Europe, mais peut être est il intéressant de constater que l’apport de ces pays n’est pas de l’ordre de l’économique mais du philosophique et du culturel. Je ne sais pas si une telle répartition des tâches serait équitable ou acceptable pour l’Allemagne par exemple, mais je ne pense pas qu’une harmonisation forcée des pays “moins productifs” (économiquement et non pas culturellement) au pas allemand, ou une mise en musique à l’anglo-saxonne, soit plus satisfaisante. Reconstruire le pacte européen nécessite de se poser les vraies questions. Cela implique de plus grandes marges de manoeuvre à la réflexion collective, cela nécessite de laisser les peuples la possibilité d’exprimer leur revendications et leurs conceptions de l’avenir. Seulement à cette condition et sur ces bases sera-t-il possible de chercher les bases communes d’un nouveau projet qui aurait l’accord des peuples et qui ne serait pas vécu par eux comme un dictat de bureaucrates, à l’image de celui dont fait actuellement l’expérience la Grèce.
Mais je ne suis pas allé jusque là dans ma réflexion avec mon interlocutrice et nous avons continué à débattre. Je me suis contenter de lui répondre que “ L’Europe, ou au moins la France, a une conception différente de la politique et qu’elle accorde plus d’importance à la culture et à la citoyenneté, aux droits et à la liberté qu’à la seule économie.”

- “ Je pense que les changements économiques viennent les premiers, s’en suivent le développement de la culture, et les réformes politiques.”

Je ne pense pas que sur ce point elle ait tout à fait raison. Même si ce schéma progressif de développement est souvent utilisé par les théoriciens de la “transition” -généralement anglo-saxons- pour voir dans le développement de la Chine une étape vers la démocratie, les chercheurs plus pessimistes sur la question, soulèvent la déconnexion qui existe entre ces différentes sphères. Qui plus est l’exemple américain devrait pourtant être cité en contre exemple puisque ce sont ses bases démocratiques et son héritage culturel (européen) qui ont été (en partie) à l’origine de sa puissance économique (plus sa population, sa nature de foyer d’immigration, son enthousiasme pour l’initiative individuelle et sa foi dans la Manifest Destiny). Pourtant la pseudo hégémonie intellectuelle du soft power américain peut être comprise de bien des façons différentes. Et de nombreux auteurs (Ch. Lasch, J.C. Michéa) ont montré que l’inféodation de l’ensemble des secteurs de la vie humaine et particulièrement de la culture à l’économie avaient fait des ravages dans la société américaine. L’écran de fumée créé par la “réussite économique” (à crédit) continue de fonctionner (et sans doute encore pour quelques temps), la maison à crédit et l’American way of life continuent de faire rêver, mais sans doute que la crise des supprimes était le dernier avertissement que ce modèle n’était pas viable pour un pays si vaste soit-il, et a fortiori pour le reste du monde qui essaye de l’imiter. Ainsi la paupérisation constante d’une part de plus en plus importante de la population américaine allant de pair avec la constitution d’une classe de super riches, les problèmes liés à la santé, l’inégalité dans l’accès à l’éducation… ces exemples et bien d’autres devraient suffire à prouver qu’il est possible de lire la trajectoire de développement économique à l’envers, quand celle-ci est privée du soutien du développement d’une culture réellement démocratique, autant en ce qui concerne les arts que la citoyenneté, à travers des institutions égalitaires, redistributrices et méritocratiques. Mais la Chine n’en est pas là. Et le mythe du développement continue à faire rêver les peuples d’un avenir qui chanterait pour ceux qui se lèveraient tôt. Pour ma part, je doute d’une telle hypothèse. Et la Chine comme d’autres avant et après elle, subit et subira encore plus fortement un processus de fragmentation social proportionnel à sa croissance, si elle ne se dote pas des outils politiques de répartition de la richesse et d’un système administratif plus transparent et plus efficace pour assurer l’organisation et le fonctionnement d’une société développée.
C’est en ce sens que le pari de la civilisation sur le développement n’est pas un défi totalement perdu pour la France, du moins si elle réussie à en retrouver les fondamentaux et arrive à les faire partager à ses partenaires européens et au reste de sa zone d’influence qui fut un jour, mondiale.

Evidemment ces considérations ne permettent pas de dédouaner la France d’une réflexion sur la manière de relancer son économie par l’innovation et l’ambition. Mais il existe déjà des groupes et de projets de portée internationale en France et en Europe, liés aux nouvelles technologies, à l’automobile, à l’aviation, à la grande distribution, aux produits de luxe ou de qualité, à son terroir et à sa culture, dans le tourisme et dans les technologies de l’information, dans sa culture cinématographique, sa littérature et dans les autres domaines artistiques…
Enfin la question qui se pose en France et qui mériterait d’être posée ailleurs et celle du bien vivre. Il n’est pas question d’abandonner cet objectif pour une fuite effrénée vers la croissance, censée être synonyme de progrès, après avoir été à l’origine du développement. Cet objectif, qui gagnerait à figurer davantage dans les programmes électoraux à la suite d’une réelle prise en considération des enjeux auxquels il faudra faire face pour y parvenir, implique une réflexion plus profonde sur la place à donner à l’économique dans la réalisation du projet démocratique, qu’il soit national, européen ou à terme, mondial. Il est stupide de défendre une démocratie des droits si celle-ci ne s’accompagne pas d’une démocratie économique, où les groupes économiques les plus puissants sont soumis à certaines règles et les financiers renvoyés face à leurs responsabilités. Il est impossible de concevoir des “démocraties” susceptibles de s’insurger contre le non respects des libertés politiques dans certains pays et d’imposer en même temps des programmes économiques illégitimes à des populations entières de l’autre. Là encore, l’exemple Grec nous renseigne sur l’impasse dans laquelle nous nous sommes volontairement enfermés en refusant de nous poser les vraies questions, nationalement, mais également collectivement aux niveaux européen et international. A ce titre, la parenthèse Sarkozy aura sans doute été la plus grande perte de temps à une période pourtant cruciale de la transformation économique en cours parmi les pays supposés “développés et démocratiques”. Dans les années à venir, ces deux termes n’iront plus de paire comme ils semblent l’être aujourd’hui. La Chine sera sans doute le révélateur de cette déconnexion puisque les succès de son développement pachidermique pourraient bien au final n’ accoucher que d’une pauvre petite souris réformatrice. L’avenir le dira.

Voilà pour cette première discussion avec une simple restauratrice dans un centre artistique installé bien à l’écart du centre économique et des quartiers d’affaires, perdue au milieu des usines poussiéreuses et des travailleurs fatigués. A vrai dire, j’en ai sans doute plus appris sur une nouvelle façon de voir mon propre pays que sur celui que j’étais venu étudier. Mais c’est ça le principe des voyages, rencontrer les autres pour changer son point de vue et avoir une autre perception de soi-même.


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中法桥
  • 你好! 我现在在中国旅行 我要理解中国文化和中国人 希望看我的博客就好玩 Salut à tous, un blog sur la Chine vu par un français en vadrouille pour deux mois. Le but, mieux comprendre l'autre face du monde ! Enjoy your visit
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